Bonjour à toutes et tous,

Non je ne vous ai pas oubliés, mais c’est vrai je voulais laisser passer un peu de temps pour voir comment se déroulait ce déconfinement.

Je n’ai pas été déçue… La première semaine, la vie de notre société a repris doucement, tranquillement, sans bruit… Oui d’accord un bruit, soudain, d’avion dans le ciel qui nous surprend, un peu plus de voitures et motos, mais cela restait raisonnable. Mais tout se remettait en place sournoisement pour mieux exploser la semaine suivante et ce spécialement depuis le pont de l’Ascension. Alors là, le feu d’artifice…

Les gens se bousculent partout, oubliant les distances de sécurité, oubliant même que l’on peut avoir des égards pour l’Autre. (Vous comprenez, après presque 2 mois d’effort, il ne faut pas pousser…) Les grosses cylindrées vrombissantes aux conducteurs sans gêne, tous les véhicules de la création ressurgissent, mais ceux qui sont les plus silencieux et également les plus dangereux, ce sont étonnamment les vélos et plus précisément électriques qui déboulent de toutes parts et vous frôlent, sans crier gare. Les queues interminables devant les magasins et garden centers, comme si en manque, nous avions besoin de notre shoot immédiat de consommation. Consternant ! Oui les gens sont bien retombés sur la tête, les gens n’ont rien compris.

Je ne dis pas qu’il faille que tout s’arrête, au contraire. Il faut penser à une certaine économie qui souffre et être solidaire avec elle. Je pense aux petites et moyennes entreprises, aux restaurants, mais surtout à toutes ces petites mains qui exécutent des tâches que nous autres Suisses sommes trop fiers pour assumer, à ces travailleurs de l’ombre qui ont été mis sur la paille et qui désormais sont jetés dans la misère. Et voilà que tout à coup la Suisse prend conscience qu’il y a des gens qui n’ont pas à manger et qui doivent aller faire la queue pendant des heures, à Genève mais ailleurs également, pour recevoir le minimum vital. Quelle honte ! Certes, cela existait déjà, et j’avais déjà découvert ce monde-là il y a une quarantaine d’années quand je suivais, la nuit à Lausanne, un ami qui s’occupait des SDF de l’époque. Mais c’était caché, indécent d’en parler, hop tout sous le tapis. Et voilà qu’à cause d’un tout petit virus cela nous saute à la figure. La plupart de ces personnes qui attendent depuis 4h du matin leur sac de victuailles travaillaient, avaient un job nécessaire, essentiel à la bonne marche de notre société. Certes pas dans notre économie de « prestige » que sont les banques et autres sociétés financières, mais dans les familles pour aider au ménage, à la surveillance des enfants, à l’entretien des propriétés, sur les chantiers, tout ce petit monde, si possible non déclaré (c’est plus simple et plus lucratif) avait sa dignité et le voilà du jour au lendemain jeté à la rue. J’ai honte pour ces employeurs !

C’est vrai, je suis en colère et j’ai tellement honte de ces comportements égoïstes et irresponsables !

Si nous allions dans le mur, maintenant il n’y a plus de doute, nous sommes dans le mur et je souhaite de tout cœur que bon nombre d’entre nous, nous nous ressaisissions et allions de l’avant avec des attitudes respectueuses et responsables, réfléchissions aux moyens de remettre cette société sur les rails, avec d’autres buts que le profit, les dividendes, mais avec un travail honnête et respectueux des autres.

Mais ne pleurons pas sur l’entier de notre société, car pendant que je vous écris, il y en a qui s’en mettent plein les poches sur la détresse des autres. En cela le monde reste égal à lui-même, il n’a pas changé. Pendant que certains sont jetés à la rue, d’autres voient leur capital grossir et ceci sans aucune mauvaise conscience.

C’est vrai je suis triste, mais pas désespérée, je suis d’une nature optimiste et j’ai confiance en l’Humanité. Je suis persuadée que nous pouvons ressortir grandis de cette crise grâce à la Solidarité, le Respect et l’Amour pour notre prochain. Il y a urgence, alors ne perdons pas notre temps et mettons-nous au travail, nous pouvons semer notre petite graine.

Je vous embrasse tous. Continuons à bien nous protéger et en cela les autres aussi. Nous allons bientôt recommencer nos accueils mais sous une autre forme. Je vous tiens au courant. je me réjouis de vous retrouver.

Francine